Guérin (Maurice de), Le Cahier vert, 10 décembre 1834 :
"Comme un enfant en voyage, mon esprit sourit sans cesse à de belles régions qu'il voit en lui-même et qu'il ne verra jamais ailleurs. J'habite avec les éléments intérieurs des choses, je remonte les rayons des étoiles et le courant des fleuves jusqu'au sein des mystères de leur génération. Je suis admis par la nature au plus retiré de ses divines demeures, au point de départ de la vie universelle ; là, je surprends la cause du mouvement et j'entends le premier chant des êtres dans toute sa fraîcheur. Qui ne s'est pas surpris à regarder courir sur la campagne l'ombre des nuages d'été ? Je ne fais pas autre chose en écrivant ceci. Je regarde courir sur ce papier l'ombre de mes imaginations, flocons épars sans cesse balayés par le vent. Telle est la nature de mes pensées et de tous mes biens intellectuels, un peu de vapeur flottante et qui va se dissoudre."