Canivez, Propos sur la paresse :
"La paresse appartient à l'être, l'activité au devenir. […] Le méditatif peut s'attarder, dans une inertie commençante, à réfléchir, à contempler, à déposer sa pensée dans l'heureux repos de la vérité fruitive, après avoir brisé le train de ses idées folles. Alors l'homme vigoureux peut laisser aller son corps et son esprit au rythme insensible d'une langueur délicieuse, à la jouissance d'une puissance vitale qui ne s'exerce pas, qui se déguste presque charnellement dans la tonicité de ses muscles au repos, comme la sérénité enveloppe celui qui, sous les pommiers du verger, boit lentement le calme de l'été, vers six heures du soir, en écoutant le ruisseau jaser dans l'herbe et en s'écoutant vivre."