Muray, Le XIX° Siècle à travers les âges, II, 2 :
"Balzac est tout ce qu’on veut sauf un documentaliste du semblant, un « faitaliste » comme disait Nietzsche (fatalisme des petits faits, « respectable modération philosophique », « stoïcisme de l’intellect », « ascétisme de la vertu », « négation de la sensualité »). Que fait-il des fiches, enquêtes, archives encyclopédiques sur lesquelles il passe des nuits blanches ? Il les récrit à la volée. Les interprète souverainement. Les dépasse. Le 19ᵉ n’a commencé à exister en dehors de ses propres mensonges qu’à partir de la publication de La Comédie humaine. Ce ne sont pas les hommes qui font l’Histoire, ce sont les écrivains. Ensuite, laborieusement, s’élabore ce qu’on appelle la réalité. Comme un rewriting de l’original écrit précédant toujours cette copie de texte qu’on appelle la vie : variations affaiblies, gloses, commentaires gelés…"