Pressburger, Nouvelles triestines, trad. M. Pozzoli pp. 9-11 :
“Je fais quoi ? Je prépare d’abord le café, puis je vais au cabinet ? Ou bien je fais l’inverse ? se demanda l’ingénieur en se réveillant, à cinq heures du matin. Si je vais d’abord au cabinet, je ferai le trajet deux fois : je traverse le couloir, j’entre dans les toilettes et je m’occupe de mes besoins corporels. Ensuite il faut que je revienne, que je retraverse le couloir et que j’aille dans la cuisine. Si je prépare d’abord le café, je ne ferai le trajet jusqu’aux toilettes qu’une seule fois. Oui, je vais faire ça. C’est plus économique. Le couloir une seule fois.
[…] Qu’est-ce que je fais ? Je me prépare un café ? Non, je vais d’abord aller aux toilettes. Mais si je vais aux toilettes…” Il poursuivit ses inutiles calculs sur l’économie et la rationalité de son existence. Il opta pour les toilettes et la libération momentanée de sa vessie. Puis il se rendit dans la cuisine.
“Qu’est-ce que je dois sortir du buffet en premier ? La cafetière ou le bocal à café ? Il vaut peut-être mieux sortir d’abord le bocal, l’ouvrir… Non, le mieux est de prendre d’abord la petite cuillère dans le tiroir.”