Jünger, Le Cœur aventureux (1929) p. 22 :
"Les rêves les plus puissants sont rêvés dans des lieux profonds et perdus, d'où l'œuvre apparaît comme un accident, où n'est guère enclose qu'une faible part de nécessité. C'est Michel-Ange, qui vers la fin de sa vie, ne fait plus qu'indiquer dans le marbre les contours des figures et laisse sommeiller dans leur antre les blocs bruts comme des chrysalides dont la vie repliée sur soi est par lui confiée à l'éternité. C'est la prose de La Volonté de puissance, champ de bataille non-déblayé de la pensée, vestige d'une terrible et solitaire responsabilité, ateliers pleins de clés abandonnées par celui qui n'avait plus de temps pour ouvrir les portes. Même un artiste épanoui comme le chevalier Bernin parle de l'aversion qu'on éprouve envers l'œuvre terminée [...]."