Zweig, La Guérison par l'esprit, ch. VII trad. Hella & Denis-Jamboy :
"En extirpant la foi religieuse de la société par leur ironie et leur scepticisme agressifs, Voltaire et les encyclopédistes n'avaient pas tué en l'homme le besoin de croire, éternel et indestructible ; ils n'avaient réussi qu'à le détourner sur des voies mystiques et cachées. Jamais Paris ne fut plus superstitieux et plus avide de nouveautés qu'au début du « siècle des Lumières ». Depuis que l'on ne croit plus aux légendes des saints bibliques, on cherche soi-même des saints nouveaux et étranges et on les découvre en la personne des charlatans, alchimistes, philalètes, rose-croix, qui affluent à Paris ; tout ce qui est invraisemblable, tout ce qui s'oppose effrontément à la science classique officielle trouve un accueil enthousiaste dans le grand monde parisien, blasé et entiché de philosophie des sciences occultes, de la magie blanche et noire, pénètre dans les meilleurs milieux."