Duhamel, Scènes de la vie future :
"C'est une sorte de pâte musicale anonyme et insipide. Elle passe, elle coule. Elle est truffée de morceaux connus, choisis probablement pour leurs rapports momentanés au texte cinématographique... Devant tout cela, la foule somnole, mâche de la gomme, rote, soupire, lâche parfois un rire intestinal, digère dans l'ombre en contemplant les images hystériques. Et nul ne crie à l'assassin ! Car ici, on assassine les grands hommes**... [...] J'affirme, dit-il, qu'un peuple soumis pendant un demi-siècle au régime actuel des cinémas américains s'achemine vers la pire décadence... [je donnerais] toute la bibliothèque cinématographique du monde pour une pièce de Molière, pour un tableau de Rembrandt, pour une fugue de Bach."
** Ici, on assassine les grands hommes, titre d'un ouvrage de Bloy.