Lorrain, Monsieur de Phocas chap. "Le refuge" :
"La vivifiante odeur des foins et des récoltes, les charpentes des hangars noyés dans la pénombre, les rais lumineux tombés d’une lucarne, les atomes de clarté tourbillonnant dans la chaleur, le clair-obscur des greniers, les herbes des prés engrangées là, sous les lourds toits de chaume, Jean Destreux et sa chemise de toile bise ouverte sur sa poitrine incarnaient tout cela.
Mais je ne m’en rendais pas compte : je ne saisissais alors ni les couleurs, ni les parfums, ni les formes ; je les ressentais puissamment, inconsciemment, avec une petite âme obscure et brûlante, heureux de toutes mes sensations jusqu’à désirer parfois mourir, mais sans en analyser les rapports, synthétique à force d’ignorance. Le bonheur n’est-il pas cette ignorance-là ?"