Cantagrel (Gilles), livret de Bach, 6 suites pour violoncelle, version viole de gambe (Myriam Rignol, 2020 :
"La monodie règne, souveraine, mais sa combinatoire interne induit une harmonie, un tissu contrapuntique suggérés, rarement explicités. Polyphoniste impénitent, Bach envisage ici le violoncelle comme par essence mélodique, mais on le sent tout ouïe à analyser le spectre de ses riches vibrations: arpèges sur les harmoniques, notes pédales, bourdons sur les cordes à vide, dans les volutes de discours admirablement maîtrisés et d'une grande éloquence, puissamment lyriques, tout en étant animés des mètres des danses qui constituent les Suites. Contrairement à ce qui se produit dans les solos pour violon, il ne fait que supposer ici un espace polyphonique dont il marque les repères. Ainsi laisse-t-il l'auditeur reconstituer mentalement l'architecture, en poursuivre les méandres, en prolonger la rêverie. Car c'est bien le libre parcours d'une rêverie poétique qu'offre cet art oratoire, provoquant l'imaginaire de qui le suit."