Berners (Lord), Une Enfance de château (traduction Tomczak), chap. VII :
"Ceux qui disent que leur enfance a été le meilleur moment de leur vie doivent, semble-t-il, avoir été en proie à des malheurs perpétuels une fois devenus adultes. Car rien n’indique que la période de l’enfance soit plus heureuse qu’une autre. Les enfants n’ont d’enviable que leur exubérante vitalité. On a tendance à la confondre avec le bonheur. Le vrai bonheur, cependant, requiert de l’expérience. Les plaisirs de l’enfance sont semblables à ceux du chien à qui l’on sert son dîner ou que l’on emmène promener, une affaire de l’ordre du behaviorisme et du remuage de queue ; quant à la prétendue insouciance enfantine, je sais d’expérience que le noir souci* peut monter en croupe sur les chevaux à bascule."
* allusion à un vers d'Horace, sur le souci qui suit comme son ombre celui qui tente de le fuir
Those who say that their childhood was the happiest period of their lives must, one suspects, have been the victims of perpetual misfortune in later years. For there is no reason to suppose that the period of childhood is inevitably happier than any other. The only thing for which children are to be envied is their exuberant vitality. This is apt to be mistaken for happiness. For true happiness, however, there must be a certain degree of experience. The ordinary pleasures of childhood are similar to those of a dog when it is given its dinner or taken out for a walk, a behaviouristic, tail-wagging business, and, as for childhood being care-free, I know from my own experience, that black care can sit behind us even on our rocking-horses.
Un texte par jour, ou presque, proposé par Michel PHILIPPON (littérature, philosophie, arts, etc.).