Giraudoux, Provinciales 1909 :
"Ce n’est pas une armée de vers à soie qui ronge les feuilles ; ce n’est pas que le sol soit couvert d’escargots et de hannetons et que le rouleau à vapeur les écrase ; ce ne sont pas les acheteurs assemblés du Petit Parisien qui s’amusent à froisser leur journal, puis le déchirent : c’est la pluie."
Proust, Du Côté de chez Swann, 1913 :
"Un petit coup au carreau, comme si quelque chose l’avait heurté, suivi d’une ample chute légère comme de grains de sable qu’on eût laissé tomber d’une fenêtre au-dessus, puis la chute s’étendant, se réglant, adoptant un rythme, devenant fluide, sonore, musicale, innombrable, universelle : c’était la pluie."
[même procédé sur un autre thème :]
Proust Du Côté de chez Swann, 1913 :
"Quelques coquelicots perdus, quelques bluets restés paresseusement en arrière, qui le décoraient çà et là de leurs fleurs comme la bordure d’une tapisserie où apparaît clairsemé le motif agreste qui triomphera sur le panneau ; rares encore, espacés comme les maisons isolées qui annoncent déjà l’approche d’un village, ils m’annonçaient l’immense étendue où déferlent les blés, où moutonnent les nuages, et la vue d’un seul coquelicot hissant au bout de son cordage et faisant cingler au vent sa flamme rouge, au-dessus de sa bouée graisseuse et noire, me faisait battre le cœur, comme au voyageur qui aperçoit sur une terre basse une première barque échouée que répare un calfat, et s’écrie, avant de l’avoir encore vue : « La Mer ! »"