Bartelt, Le Testament américain :
"Balthazar aimait respirer cette odeur du matin qui montait de l’herbe en même temps qu’elle tombait des brumes suspendues en petits paquets au-dessus de la nature. Le soleil disculpait déjà les opacités dans les coins des bâtiments, dégageait des angles où il ne se passait rien de grave, attribuait une ombre à tout ce qui se tenait debout. C’était le seul instant de la journée où l’homme est à même de se convaincre qu’il a de l’avenir et que les bonheurs se réchauffent dans chaque fleur et dans chaque feuille où l’air s’éprend avec un mouvement d’une douceur fervente. L’heure favorisait aussi les hardiesses des petits animaux, des oiseaux. Parfois un écureuil traversait la pelouse et allait boire à un des bassins qui la ponctuaient."