lundi 3 mai 2021

Gadda (incipit x 5)

 Gadda, Quer pasticciaccio brutto de via Merulana 1957 (incipit)

"Tutti oramai lo chiamavano don Ciccio. Era il dottor Francesco Ingravallo comandato alla mobile : uno dei più giovani e, non si sa perché, invidiati funzionari della sezione investigativa : ubiquo ai casi, onnipresente su gli affari tenebrosi. Di statura media, piuttosto rotondo della persona, o forse un po’ tozzo, di capelli neri e folti e cresputi che gli venivan fuori dalla metà della fronte quasi a riparargli i due bernoccoli metafisici dal bel sole d’Italia, aveva un’aria un po’ assonnata, un’andatura greve e diniccolata, un fare un po’ tonto come di persona che combatte con una laboriosa digestione : vestito come il magro onorario statale gli permetteva di vestirsi, e con una o due macchioline d’olio sul bavero, quasi impercettibili però, quasi un ricordo della collina molisana. Una certa praticaccia del mondo, del nostro mondo detto latino, benché giovine (trentacinquenne), doveva di certo avercela : una certa conoscenza degli uomini : e anche delle donne."


écouter (et voir) cet incipit, merveilleusement rendu par Fabrizio Gifuni :

https://www.youtube.com/watch?v=CjwmQc6pPhU



 GaddaL'affreux Pastis de la rue des merles, traduction Louis Bonalumi (1963), incipit : 

[débute étrangement par un membre de phrase prélevé quelques lignes plus bas dans l'original, souligné ci-dessous]


"Étourdissant d'ubiquité, omniprésent à chaque ténébreuse affaire. Tous désormais l'appelaient don Ciccio, de son vrai nom Francesco Ingravallo, détaché à la "mobile", un des plus jeunes fonctionnaires du bureau des enquêtes, et des plus jalousés, Dieu sait pourquoi. La taille moyenne, assez rebondi de sa personne, ou bien peut-être un tantinet courtaud, le cheveu noir, dru et crépu, enraciné jusqu'à mi-front — comme pour protéger ses bosses métaphysiques exposées au bel astre du ciel d'Italie — il avait l'air un peu ensommeillé, l'allure appesantie et nonchalante, le geste vaguement balourd du particulier qui combat une digestion laborieuse. Pour le reste, vêtu selon les disponibilités d'un traitement cachexique, avec en sus, au revers du veston, deux ou trois mouchetures d'huile, mais presque imperceptibles, presque en souvenir de son Molise natal. Sans doute devait-il posséder, quoique jeune encore (trente-cinq ans), une certaine routine de notre monde dit "latin", une certaine expérience des hommes, et des femmes." 



 GaddaL'affreuse Embrouille de via Merulana, traduction Jean-Paul Manganaro (2016), incipit :


"Tous l’appelaient désormais don Ciccio. C’était le dottor Francesco Ingravallo détaché à la garde mobile : l’un des fonctionnaires les plus jeunes et, on ne sait pourquoi, jalousés du bureau des enquêtes : doué d’ubiquité, omniprésent dans les affaires ténébreuses. De taille moyenne, plutôt replet de sa personne, ou peut-être un peu trapu, les cheveux noirs, touffus et crépus qui semblaient sortir à mi-hauteur de son front, comme pour abriter du beau soleil d’Italie ses deux bosses métaphysiques, il avait un air un peu somnolent, une allure lourde et indolente, la façon d’agir un peu niaise de quelqu’un qui lutte avec une digestion laborieuse : habillé comme le maigre traitement de l’État le lui permettait, et avec une ou deux petites taches d’huile sur le col, presque imperceptibles cependant, comme un souvenir des collines de son Molise. À coup sûr, bien que jeune encore (trente-cinq ans), il avait une certaine pratique routinière du monde, de notre monde dit "latin" : une certaine connaissance des hommes : et aussi des femmes."



 GaddaThat Awful Mess On The Via Merulana, traduction William Weaver (1965), incipit :


"Everybody called him Don Ciccio by now. He was Officer Francesco Ingravallo, assigned to homicide ; one of the youngest and, God knows why, most envied officials of the detective section : ubiquitous as the occasion required, omnipresent in all tenebrous matters. Of medium height, rather rotund as to physique, or perhaps a bit squat, with black hair, thick and curly, which sprang forth from his forehead at the halfway point, as if to shelter his two metaphysical knobs from the fine Italian sun, he had a somnolent look, a heavy, lumbering walk, a slightly dull manner, like a person fighting a laborious digestion ; dressed as well as his slender government salary allowed him to dress, with one or two little stains of olive oil on his lapel, almost imperceptible however, like a souvenir of the hills of his Molise. A certain familiarity with the ways of the world, with our so-called "Latin" world, though he was young (thirty-five), must have been his : a certain knowledge of men : and also of women."