Thompson (Earl), Un Jardin de sable chap. 11 :
"La ville regorgeait de jeunes gens qui, à défaut de pouvoir être embauchés chez Western Union ou Southern Bell, passaient leurs journées à affûter des couteaux de boucher volés dans la cuisine de maman ou à fabriquer des pieds de biche avec de vieux amortisseurs de voiture dans l’attente de la parfaite nuit sans lune pour se faire l’épicerie du coin, et de jeunes filles aux seins nus sous leur chemisier à col marin qui, une cigarette au coin des lèvres, leurs bas roulés sous le genou et un chapeau d’homme enfoncé sur l’œil, allaient reconnaître les lieux pour le compte des garçons. On voyait des adolescents sécher les réunions des scouts pour scier canons et crosses de carabines à un coup calibre .22 achetées avec leur salaire de colporteur de graines ou de magazines, pendant que dans leur tête crépitaient des mitraillettes fantasmées. À tous ceux-là, Roosevelt n’avait rien à dire. Leurs héros se nommaient John Dillinger, Pretty Boy Floyd, les Barker, Bonnie Parker et Clyde Barrow, Alvin Karpis, ou encore Homer Van Meter."