jeudi 7 mars 2024

Maynard (transparence)

Maynard, Joyce, Prête à tout [To die for], 1992 :

"Selon moi, tout ce que font les gens à travers le monde, c’est pour avoir un public, pour que quelqu’un les voie. Prenez les artistes, ils aiment exposer leurs œuvres dans les musées, non ? Et généralement, les musiciens aiment que les gens écoutent leur musique. S’il n’y a personne, c’est un peu comme l’arbre qui tombe dans la forêt. Vous me suivez ?

C’est ça, la magie de la télévision. C’est comme un œil posé sur vous en permanence. Qui vous regarde même quand il n’y a personne autour de vous et qui enregistre ce que vous faites. Et sachant qu’il est là, vous vous comportez mieux, sur tous les plans. Un peu comme avec Dieu, en exagérant.

Supposons que vous soyez dans une cabane au milieu des bois où personne ne vous verra pendant tout le week-end. Avez-vous une raison de prendre une douche et de vous maquiller ? Maintenant, supposons que vous passiez à l’émission « Today ». Vous faites un peu plus attention à votre apparence.

S’il y avait des caméras de télévision dans toutes les maisons, tout le temps, comme celles qu’ils ont dans les banques et dans les boutiques pour surveiller les voleurs, croyez-vous que les mères continueraient à crier après leurs enfants et à les frapper ? Vous croyez que Deborah Norville était toujours aussi gentille avec son mari qu’elle l’était avec ses invités ? Et pour quelle raison ? Parce qu’il n’y avait pas de caméra de télévision dans son salon."


L'auteur, dans sa postface de 2015, écrit : 

"En 1990, il y a un quart de siècle maintenant, j’ai écrit une réplique [traduction ?] qui n’a plus le parfum de la comédie ou de la satire − comme je l’avais projeté initialement −, mais qui semble, au contraire, trop familière en tant que fidèle représentation d’une opinion, bien vivace en 2015."