Carvalho, Fantaisie pour deux colonels et une piscine, trad. M.-H. Piwnik p. 58-59 :
"Un village en fête gêne le plus souvent les étrangers, qui préféreraient en général le traverser en un clin d'oeil, insensibles aux surprises prévues par les réjouissances, indifférents aux monstrueux arcs de triomphe en contreplaqué avec des sirènes et des grappes de raisin dessinées, genre train fantôme, aux ivrognes joyeux communiquant leur euphorie au reste de l'humanité, aux fringues – de marque – du dimanche, aux familles triomphantes qui parcourent en groupes plus ou moins compacts les rues coupées à la circulation par des branches de pin, aux horribles ballons des enfants geignards, figurant des monstres planant la gueule béante, au boniment vaguement rigolard et porté sur le calembour minable diffusé par les haut-parleurs, aux musiquettes les plus tartes qu'aient produites les sept parties du monde, à l'odeur des grillades de porc et de la fumée nauséabonde et voyageuse qui en résulte, enfin à cette voiture qui est toujours, toujours, toujours entourée de spécialistes, le capot ouvert exhalant des volutes blanchâtres plus que suspectes."