EN HIVER (tr. Petit et Schneider)
Le champ brille blanc et froid.
Le ciel est solitaire et immense.
Des choucas tournent au-dessus de l'étang
Et des chasseurs descendent de la forêt,
Un mutisme habite les cimes noires des arbres.
Le reflet d'un feu s'échappe des cabanes.
Parfois très loin sonne un traîneau
Et lentement monte la lune grise.
Un gibier saigne doucement sur le talus
Et des corbeaux pataugent dans des rigoles sanglantes
Le roseau frémit jaune et haut.
Gel, fumée, un pas dans le bois vide.
EN HIVER (trad. J. Legrand)
Éclat blanc et froid du labour.
Le ciel est une immense solitude.
Des choucas tournoient au-dessus de l'étang
Et des chasseurs descendent du bois.
Un silence habite les cimes noires.
La lueur d'un feu s'échappe des chaumières.
Parfois un traîneau sonnaille, très loin,
Et lentement monte la lune grise.
Au bord du champ un gibier tendrement perd son sang,
Corbeaux de patauger dans les flaques sanglantes.
Les joncs, montés et jaunes, tremblent.
Gel et fumée — un pas dans le bosquet désert.
IM WINTER
Der Acker leuchtet weiß und kalt.
Der Himmel ist einsam und ungeheuer.
Dohlen kreisen über dem Weiher.
Und Jäger steigen nieder vom Wald.
Ein Schweigen in schwarzen Wipfeln wohnt.
Ein Feuerschein huscht aus den Hütten.
Bisweilen schellt sehr fern ein Schlitten
Und langsam steigt der graue Mond.
Ein Wild verblutet sanft am Rain
Und Raben plätschern in blutigen Gossen.
Das Rohr bebt gelb und aufgeschossen.
Frost, Rauch, ein Schritt im leeren Hain.