Céard, Terrains à vendre au bord de la mer chap. 3 p. 102-103
"Il avait disséqué des baleines, les pieds dans le sang, le nez dans la puanteur. Pendant quinze jours, de passage à bord d'un morutier d'Islande, il n'avait point souffert des exhalaisons des poissons éventrés et en tas.
Toutes les mauvaises odeurs de l'univers lui étaient montées aux narines : celle de l'Arabe sous sa tente, de l'Esquimau sous sa hutte, du Chinois dans ses villes, du Juif dans la Terre Sainte ; et il affrontait celle du Breton.
Mais indifférent aux putréfactions des maladies, dans les hôpitaux, sans répugnance au milieu des miasmes des contagions et de la méphitique décomposition des cadavres d'hommes et de bêtes, il ne pouvait cependant supporter sans haut-le-coeur les émanations de la stupidité bourgeoise qui, seules, lui paraissaient irrespirables."