Borie (Jean), Un Siècle démodé (1989) p. 11 :
"Le véritable savoir fut toujours ésotérique. Il demande une pénible initiation, il est inaccessible au nombre, et à la veulerie qui l’accompagne. Quand les institutions d’éducation n’accueillaient qu’une minuscule élite, ces vérités étaient immédiatement admises par les intéressés. A la foule, elles seraient inexplicables. Il faut pour la foule des mensonges roses, anesthésiants. Elle n’aura jamais accès à la vérité, ni au pouvoir. D’ailleurs, elle n’y songe point : elle recherche ce qu’elle appelle le bonheur. On pourra, à l’intention de ces béats, inventer quelque simulacre propre à les satisfaire : pourquoi pas des études modernes ? Ils en seront ravis, ils y verront une nouvelle manifestation du progrès. Ils sont si démunis, si confiants, ils attendent qu’on leur donne tout. Immense clientèle populaire, aux yeux électrisés d’espoir, à la cervelle blanche et vide. Ces gens-là n’ont pas commencé à temps. Ils se croient en avance, jamais ils ne rattraperont leur retard."