jeudi 6 avril 2023

Woolf (mort)

Woolf, La Traversée des apparences chap. XXV, trad. Savitzky :

"Un immense apaisement descendit sur Terence, lui ôtant toute envie de bouger ou de parler. C’en était fini de l’atroce torture et du sentiment d’irréalité. Il émergeait dans la certitude parfaite et dans la paix. [...] Il s’abandonna quelques temps à ses pensées ; il lui semblait qu’ils pensaient en commun ; il avait l’impression d’être Rachel en même temps que lui-même [...], elle ne respirait plus. Tant mieux. C’était la mort. Ce n’était rien. Elle avait cessé de respirer, voilà tout. C’était le bonheur parfait. Ils venaient d’obtenir ce qu’ils avaient toujours souhaité – l’union qu’ils n’avaient pu réaliser quand ils étaient en vie. 

[...] Il lui sembla que de leur fusion absolue et de leur bonheur émanaient des cercles qui allaient s’élargissant, qui emplissaient l’espace. Aucun de ses désirs les plus vastes ne restait inexaucé. Ils possédaient ce qui jamais plus ne leur serait repris."


An immense feeling of peace came over Terence, so that he had no wish to move or to speak. The terrible torture and unreality of the last days were over, and he had come out now into perfect certainty and peace. […] He went on thinking for some time; they seemed to be thinking together; he seemed to be Rachel as well as himself ; […] she had ceased to breathe. So much the better--this was death. It was nothing; it was to cease to breathe. It was happiness, it was perfect happiness. They had now what they had always wanted to have, the union which had been impossible while they lived.

[…] It seemed to him that their complete union and happiness filled the room with rings eddying more and more widely. He had no wish in the world left unfulfilled. They possessed what could never be taken from them.