Chesterton, Les Contes de l'arbalète [1925] trad. Joulié p. 41 :
"Les hommes de lettres laissent les mots s'insinuer entre eux et les choses. A force de dire les choses, ils oublient de les voir, alors que nous autres artistes nous regardons les choses, et pas seulement leurs noms. Vous pensez qu'un chou est une chose comique parce que le nom sonne comique et même un peu vulgaire. Mais je vous assure qu'un chou n'a rien de comique ni de vulgaire. Vous ne penseriez pas cela si vous aviez à le peindre. Si vous aviez visité des musées hollandais ou flamands, vous sauriez quels grands hommes ont peint des choux, et n'ont vu en eux que des lignes et des couleurs, mais quelles lignes et quelles couleurs ! [...] On aurait dit un de ces heaumes enturbannés comme on en voit sur des personnages de Rembrandt, avec le visage pareil à un bronze entrevu dans un plissement d'ombres verdâtres. C'est là le genre de choses qu'un artiste arrive à percevoir, pour peu qu'il se soit vidé la cervelle de mots. "
(photo Edward Weston 1931)
https://en.wikipedia.org/wiki/Cabbage_Leaf
Literary people let words get between them and things. We do at least look at the things and not the names of the things. You think a cabbage is comic because the name sounds comic and even vulgar; something between 'cab' and 'garbage,' I suppose. But a cabbage isn't really comic or vulgar. You wouldn't think so if you simply had to paint it. Haven't you seen Dutch and Flemish galleries, and don't you know what great men painted cabbages? What they saw was certain lines and colours; very wonderful lines and colours.[…] It was rather like the turbaned helmets on some of Rembrandt's figures, with the face like bronze in the shadows of green and purple. That's the sort of thing artists can see, who keep their eyes and heads clear of words !