dimanche 18 décembre 2022

Chabrier (enfants)

Chabrier, lettre à sa femme, le 9 mai 1891,

”Chère femme, […] nous n’avons pas de satisfaction avec nos enfants ; j’ai tout mis en œuvre, la tendresse, qui ne me fera défaut, l’irritation, voire la colère, depuis le raisonnement et même l’émotion jusqu’à l’injure, j’ai encouru tout le clavier des sentiments – et nous sommes en présence de deux moules, pas bien portants par-dessus-le marché. Si tu t’émeus quand ils sont souffrants, c’est fort bien et absolument naturel d’ailleurs ; toutefois il serait tout aussi naturel et fort bien aussi d’être ferme avec eux, de leur parler de l’avenir et d’être implacablement derrière eux. […] Il y a des moments où un homme comme moi, qui aurais été heureux d’avoir à surveiller des travailleurs, des petits grouillants et vibrants comme leur père, avec une petite ambition au cœur – n’importe laquelle –, je suis désespéré ! Je vois en eux à peine l’étoffe d’un garçon de café !”