Sévigné, lettre du 12 juin 1680 :
"[...] L'autre jour on me vint dire : "Madame, il fait chaud dans le mail ; il n'y a pas un brin de vent. La lune y fait des effets les plus brillants du monde." Je ne pus résister à la tentation. Je mets mon infanterie sur pied. Je mets tous les bonnets, coiffes et casaques qui n'étaient point nécessaires ; j'allai dans ce mail, dont l'air est comme celui de ma chambre.
Je trouvai mille coquecigrues, des moines blancs et noirs, plusieurs religieuses grises et blanches, du linge jeté par-ci par-là, des hommes noirs, d'autres ensevelis tout droits contre des arbres, des petits hommes cachés qui ne montraient que la tête, des prêtres qui n'osaient approcher. Après avoir ri de toutes ces figures, et nous être persuadés que voilà ce qui s'appelle des esprits et que notre imagination en est le théâtre, nous nous en revînmes sans nous arrêter, et sans avoir senti la moindre humidité.
Ma chère bonne, je vous demande pardon ; je crus être obligée, à l'exemple des Anciens, comme nous disait ce fou que nous trouvâmes dans le jardin de Livry, de donner cette marque de respect à la lune."