Bergman (Ingmar), Laterna magica, chapitre 'Lorsque j’ai eu douze ans...' traduction Bjurström-Albertini :
”Comme je porte en moi un continuel tumulte qu’il me faut surveiller, l’imprévu, l’imprévisible m’angoissent. Exercer mon métier devient ainsi une pédante organisation de l’indicible. Je transmets, j’organise, je ritualise l’indicible. Certains metteurs en scène matérialisent leur propre chaos et de ce chaos ils créent, dans le meilleur des cas, une représentation. J’ai horreur de cette sorte d’amateurisme. Je ne participe pas au drame, je le traduis, je le matérialise. Ce qui compte le plus pour moi, c’est de ne laisser aucune place à mes propres complications, elles ne peuvent être qu’une clef qui ouvrira les secrets du texte ou l’impulsion qui mettra en branle la créativité des comédiens. La répétition, c’est selon moi une opération chirurgicale dans un lieu aménagé à cet effet où règnent discipline, propreté, lumière et calme. Une répétition, c’est du travail bien fait, pas une thérapie privée pour metteur en scène et comédiens.”