lundi 16 décembre 2019

Valéry (architecture - sculpture)


Valéry, L’Esthète (Mélange, Pléiade t. 1 p. 336) :
« Parfois je ressens comme barbare et bizarre le fait d’orner de statues et de représentations d’êtres vivants, une construction.
Je comprends les Arabes qui n’en veulent pas. Je perçois presque douloureusement le contraste entre la forme et la matière qui s’accuse dans ce monde ornemental, où la pierre passe de son rôle mécanique à son déguisement théâtral.
Je sens que ce ne sont pas des actes de même attention qui ont fait le mur ou la voûte, et le saint perché dans la niche.
Un Parthénon est fait de relations qui n’empruntent rien à l’observation des objets. On le peuple ensuite de personnages, on le souligne de feuillages.
J’aimerais mieux que l’œil ne reconnaisse rien sur ce tas ; mais n’y trouve qu’un nouvel objet, sans référence de similitudes extérieures, qui se fasse percevoir comme créé par lui, ŒIL, pour une contemplation infinie de ses propres lois.
L'ornement, acte de distraction pour les yeux distraits. »