Westlake, Donald, Pierre Qui Roule [1970], "Phase 1" (éd. Rivages Noir, trad. Nolent) :
"Donc il nous faut un chauffeur, un type pour les serrures et un homme à tout faire.
— C'est ça. Pour les serrures, il y a ce petit gars de Des Moines, tu vois qui je veux dire ?
— C'était pas Wise ? Ou Wiseman ? Welsh ?
— Whistler ! dit Dortmunder.
— C'est ça ! dit Kelp, et il fit non de la tête. Il est en taule. Il s'est fait gauler pour avoir libéré un lion. »
Dortmunder quitta le lac des yeux et regarda Kelp.
« Pour avoir fait quoi ? »
Kelp remua la tête nerveusement.
« J'y suis pour rien, moi ! C'est ce qu'on m'a dit. Il était au zoo avec ses gamins, il s'ennuyait un peu et, sans trop y penser, juste pour s'occuper un peu les mains, comme toi et moi on gribouille sur une feuille quand on téléphone, quoi, il s'est mis à tripoter les serrures, sauf qu'au bout du compte il a libéré un lion. [...]
— Pourquoi pas Lartz ? Tu te souviens de lui ?
— Oublie-le, dit Kelp. Il est à l'hôpital.
— Depuis quand ?
— Environ deux semaines. Il a percuté un avion. » Dortmunder se tourna vers lui lentement et le regarda longuement.
« Il a percuté quoi ?
— C'est pas de ma faute ! D'après ce que j'ai compris, il était au mariage d'un de ses cousins, à Long Island, et en rentrant il a pris la Van Wick Expressway à contresens par erreur, je suppose qu'il devait avoir un peu bu, et...
— Tu m'étonnes !
— Ouais. Et il s'est emmêlé les crayons avec les panneaux, il s'est retrouvé sur la piste dix-sept de l'aéroport et il a percuté l'avion d'Eastern Airlines qui venait juste d'arriver de Miami."