Drillon, Cadence (2018) :
"Je me souviens du Baudelaire de Calasso, lu récemment. On en lit dix lignes, parfois trois ou quatre, et l’on s’arrête pour rêvasser ou réfléchir ; on reprend, on s’arrête de nouveau : il remue tant de choses en vous ! Il faut aller chercher Les Fleurs du mal, se rafraîchir la mémoire, et puis Valéry n’a-t-il pas dit que, n’ai-je pas lu que, voyons, et puis ce Delacroix, et Paulhan dans son étude sur Fautrier, et puis cela me rappelle les antimodernes de Compagnon, et puis j’ai déjà senti cela, Dieu que ce vers est dense, comme il jette de lueurs malgré lui, et puis entendre Tannhäuser en 1861, entre Meyerbeer et Rossini, quel choc ! et puis où ai-je fichu le bouquin de Benjamin sur les passages parisiens, et puis mon père disait toujours, et mais où a-t-il trouvé cela ce Calasso, comment a-t-il eu l’idée, mais je ne savais pas, où en étais-je, ah oui la Présidente, « Vous êtes ma superstition », lui a dit Baudelaire, être la superstition de quelqu’un, quelle damnation, cette Présidente, tiens pourquoi pense-t-on toujours qu’une présidente c’est une vieille, déjà on se laissait prendre dans les Liaisons dangereuses, cette présidente, cela ne serait celle de la lettre obscène de Théophile Gautier ? si, sans doute, on verra, continuons, et ainsi de suite…"