Boudard, Les Combattants du petit bonheur Folio p. 318-319
[en 44, le jeune narrateur va voir l’armée allemande défiler au pas de l’oie]
"Pourquoi ai-je été à l’Arc de Triomphe un midi ? Ça me semble peu probable que je me sois déplacé spécial à vélo pour voir une dernière fois les Fritz relever la garde au pas de l’oie… J’avais sans doute un rencart avec un de nos mystérieux du réseau. Je me suis arrêté pour bien les regarder… bien les fixer une dernière fois dans ma mémoire. Les cymbales, les fifres… l’officier à cheval. Ça va devenir vieillot ce ballet de bottes luisantes, de casques d’acier… un peu XIXe siècle à tout prendre. Ceux qui arrivent, les nouveaux vainqueurs, sur leurs Sherman, leurs camions géants… avec leur pipeline… leurs ponts flottants… leurs jeeps… leur chewing-gum… c’est le XXe siècle d’un seul coup ! Ils n’ont pas besoin de cymbales, de fioritures."