Perez (Stanis), Le Corps du roi, introduction :
« L’Histoire n’est pas un grand puzzle à reconstituer parce que penser qu’une forme distincte, clairement lisible et parfaitement identifiable apparaîtrait à la fin de la partie est un non-sens. Si les zones 'vides' semblent nombreuses, ce n’est pas en raison de la rareté intrinsèque des pièces parvenues jusqu’à nous mais parce qu’on cherche imprudemment à les retrouver toutes pour comprendre, avec une certitude naïve, ce que représenterait la mosaïque achevée. Cet état d’achèvement est une illusion : la partie vaut parfois pour le tout comme l’ont montré les meilleurs travaux de microhistoire. [...]. La Vénus de Milo retrouvée intacte aurait-elle autant marqué les esprits ? Nombre de statues incomplètes bénéficient d’un charme bien supérieur à celles demeurées à peu près complètes. Vouloir les restaurer absolument en recollant ou en reconstituant toutes les parties manquantes est une voie sans issue. »