Gellhorn (Martha), Mes saisons en enfer, chap. "Les tigres de Monsieur Ma", trad. Fauquemberg :
"Nous nous assîmes [...] hurlant de rire aux plaisanteries du pilote, tout à la joie d’être de retour parmi nos semblables. Je suis convaincue que la barrière entre les races – blanche, noire, brune, jaune – ne naît pas simplement des préjugés de couleur et de la dissemblance des coutumes et des valeurs. Elle est due en grande partie à l’ennui, véritable assassin des relations humaines. Nous ne rions pas des mêmes blagues. Nous nous ennuyons à mourir les uns avec les autres. Chaque fois que je voyais les Chinois rire ensemble, je m’écriais : « Traduisez s’il vous plaît, vite, vite », pour saisir la blague. En entendant la traduction, je me cachais derrière un sourire perplexe. Bon sang, de quoi ces crétins riaient-ils ? "
We sat on the bales, yelling with laughter at the pilot’s jokes. The joy to be back among our own kind. I am certain that the barrier between the races – white, black, brown, yellow – is not only due to colour prejudice and the dissimilarity of customs and values. It is largely due to boredom, the real killer in human relations. We do not laugh at the same jokes. We bore each other sick. Later, whenever I saw the Chinese laughing together I said, translate please, quick, quick, to get the joke. On hearing the translation, I hid behind a bewildered smile. What on earth were the chumps laughing at ?