Roth (Philip), Laisser Courir (1966) I, II :
"Je me demande si je ne parle pas comme un membre de cette foule immense et perfide qui depuis quelque temps réclame la compassion. On nous demande de plus en plus, semble-t-il, de faire des démonstrations très pieuses et très publiques de nos sentiments. On tourne un coin de rue et l’on tombe sur une brave dame chapeautée qui vous agite sous le nez un tronc plein de pièces en vous demandant de donner. Il n’y a qu’à regarder la télévision : cinquante animateurs et dix présentateurs de disques organisent un véritable marathon : ils ne dorment plus, ils ne prennent pas le temps de manger, ils chantent, ils font des plaisanteries et s’exhibent, et rien de tout cela pour eux-mêmes. C’est une époque bizarre où même les gens corrompus et qui n’ont pas de sentiment font la quête pour compenser le durcissement des artères. C’est une époque de regrets : tout le monde a un cœur qui saigne."
I wonder if I am not speaking as a member of that vast and treacherous populace that has lately come out for Compassion. We seem called upon more and more to make very pious, very public, demonstrations of our feelings. You turn a corner and there’s a suburban lady in a pillbox hat, jingling a container full of coins at you, demanding, give. Watch television, and fifty entertainers and ten disc jockeys are staging “a marathon”; they lose sleep, take their meals on the run, sing, make jokes and display themselves, and none of this for their own benefit. It is a peculiar age indeed, when even the corrupt and the unfeeling are out collecting so as to beat down hardening of the arteries. It’s the age to feel sorry — a bleeding heart is standard equipment.