mardi 1 octobre 2024

Coleridge (harpe)

Coleridge, The Aeolian Harp (1795), vv. 27-34 et 40-49. Traduction de Germain d’Hangest, in S. T.  Coleridge, Vingt-cinq poèmes, Paris, Aubier, 1945, p. 167-169 :


"Ah, cette vie unique en nous et hors de nous,

Qui s’unit à tout mouvement et en devient l’âme,

Lumière dans le son, énergie sonore dans la lumière,

Rythme en toute pensée et joie en tout lieu,

Il eût dû, me semble-t-il, être impossible

De ne pas aimer toute chose dans un univers ainsi comblé :

Où la brise chante, où l’air muet immobile

Est la Musique elle-même qui sommeille sur sa lyre.

[...] Mille pensers que je n’appelle ni ne retiens,

Et mille images gratuites et fugaces

Traversent mon âme indolente et passive,

Inconstantes et diverses comme les souffles capricieux

Qui s’enflent et voltigent sur cette harpe captive.

L’ensemble de la nature animée ne serait-il

Que harpes organiques aux diverses structures,

Dont le frisson s’achève en pensée, tandis que passe sur elles,

Plastique et immense, le même souffle intelligible

À la fois âme de chacune et dieu de toutes ?"



O ! the one Life within us and abroad,

Which meets all motion and becomes its soul,

A light in sound, a sound-like power in light,

Rhythm in all thought, and joyance every where —

Methinks, it should have been impossible

Not to love all things in a world so fill'd ;

Where the breeze warbles, and the mute still air

Is Music slumbering on her instrument. 

[…] Full many a thought uncall'd and undetain'd,

And many idle flitting phantasies,

Traverse my indolent and passive brain,

As wild and various as the random gales

That swell and flutter on this subject Lute !

And what if all of animated nature

Be but organic Harps diversely fram'd,

That tremble into thought, as o'er them sweeps

Plastic and vast, one intellectual breeze,

At once the Soul of each, and God of all ?