Freud, Notre rapport à la mort (1915) :
« Nous ne pouvons donc pas ne pas chercher dans le monde de la fiction, la littérature, dans le théâtre, un substitut aux pertes inhérentes à la vie. C’est là que nous trouvons encore des hommes qui s’entendent à mourir et, qui plus est, réussissent même à en tuer un autre. Là seulement se trouve accomplie la condition à laquelle nous pourrions nous réconcilier avec la mort, à savoir : conserver encore, à l’arrière-plan de toutes les vicissitudes de la vie, une vie à l’abri de toute atteinte. Il est en effet trop triste qu’il puisse aller de la vie comme du jeu d’échecs, où un coup mal joué peut nous contraindre à donner la partie pour perdue, à cette différence près qu’il n’y a pour nous aucune possibilité d’engager une seconde partie, une revanche. Dans le domaine de la fiction, nous trouvons cette pluralité de vies dont nous avons besoin. Nous mourons en identification avec tel héros, mais pourtant nous lui survivons et sommes prêts à mourir une seconde fois, toujours sans dommage, avec un autre héros. »
Es kann dann nicht anders kommen, als daß wir in der Welt der Fiktion, in der Literatur, im Theater Ersatz suchen für die Einbuße des Lebens. Dort finden wir noch Menschen, die zu sterben verstehen, ja, die es auch zustande bringen, einen anderen zu töten. Dort allein erfüllt sich uns auch die Bedingung, unter welcher wir uns mit dem Tode versöhnen könnten, wenn wir nämlich hinter allen Wechselfällen des Lebens noch ein unantastbares Leben übrigbehielten. Es ist doch zu traurig, daß es im Leben zugehen kann wie im Schachspiel, wo ein falscher Zug uns zwingen kann, die Partie verloren zu geben, mit dem Unterschiede aber, daß wir keine zweite, keine Revanchepartie beginnen können. Auf dem Gebiete der Fiktion finden wir jene Mehrheit von Leben, deren wir bedürfen. Wir sterben in der Identifizierung mit dem einen Helden, überleben ihn aber doch und sind bereit, ebenso ungeschädigt ein zweites Mal mit einem anderen Helden zu sterben.