mercredi 28 avril 2021

Céline (incipit)

 Céline, Journey to the End of the Night, traduction R. Manheim :

« Here's how it started. I'd never said a word. Not one word. It was Arthur Ganate that made me speak up. Arthur was a friend from med school. So we meet on the Place Clichy. It was after breakfast. He wants to talk to me. I listen. "Not out here," he says. "Let's go in." We go in. And there we were. "This terrace," he says, "is for jerks. Come on over there." Then we see that there's not a soul in the street, because of the heat ; no cars, nothing. Same when it's very cold, not a soul in the street; I remember now, it was him who had said one time : "The people in Paris always look busy, when all they actually do is roam around from morning to night ; it's obvious, because when the weather isn't right for walking around, when it's too cold or too hot, you don't see them anymore; they're all indoors, drinking their cafés crèmes or their beers. And that's the truth. The century of speed! they call it. »



Céline, Viaje al fin de la noche, traduction ? :

« La cosa empezó así. Yo nunca había dicho nada. Nada. Fue Arthur Gánate quien me hizo hablar. Arthur, un compañero, estudiante de medicina como yo. Resulta que nos encontramos en la Place Clichy. Después de comer. Quería hablarme. Lo escuché. « ¡ No nos quedemos fuera ! – me dijo -. ¡ Vamos adentro ! » Y fui y entré con él. « ¡ Esta terraza está como para freír huevos ! ¡ Ven por aquí ! », comenzó. Entonces advertimos también que no había nadie en las calles, por el calor; ni un coche, nada. Cuando hace mucho frío, tampoco; no ves a nadie en las calles; pero, si fue él mismo, ahora que recuerdo, quien me dijo, hablando de eso: « La gente de París parece estar siempre ocupada, pero, en realidad, se pasean de la mañana a la noche ; la prueba es que, cuando no hace bueno para pasear, demasiado frío o demasiado calor, desaparecen. Están todos dentro, tomando cafés con leche o cañas de cerveza. ¡Ya ves! ¡ El siglo de la velocidad !, dicen. »


Ça a débuté comme ça. Moi, j’avais jamais rien dit. Rien. C’est Arthur Ganate qui m’a fait parler. Arthur, un étudiant, un carabin lui aussi, un camarade. On se rencontre donc place Clichy. C’était après le déjeuner. Il veut me parler. Je l’écoute. «Restons pas dehors! qu’il me dit. Rentrons ! » Je rentre avec lui. Voilà. « Cette terrasse, qu’il commence, c’est pour les œufs à la coque ! Viens par ici ! » Alors, on remarque encore qu’il n’y avait personne dans les rues, à cause de la chaleur ; pas de voitures, rien. Quand il fait très froid, non plus, il n’y a personne dans les rues ; c’est lui, même que je m’en souviens, qui m’avait dit à ce propos : « Les gens de Paris ont l’air toujours d’être occupés, mais en fait, ils se promènent du matin au soir ; la preuve, c’est que, lorsqu’il ne fait pas bon à se promener, trop froid ou trop chaud, on ne les voit plus ; ils sont tous dedans à prendre des cafés crème et des bocks. C’est ainsi ! Siècle de vitesse ! qu’ils disent.