Baudelaire, Salon de 1846, Pléiade t. II, p. 495 :
"Et cependant, n’a-t-il pas sa beauté et son charme indigène, cet habit tant victimé ? N’est-il pas l’habit nécessaire de notre époque, souffrante et portant jusque sur ses épaules noires et maigres le symbole d’un deuil perpétuel ? Remarquez bien que l’habit noir et la redingote ont non seulement leur beauté politique, qui est l’expression de l’égalité universelle, mais encore leur beauté poétique, qui est l’expression de l’âme publique ; – une immense défilade de croque-morts, croque-morts politiques, croque-morts amoureux, croque-morts bourgeois. Nous célébrons tous quelque enterrement. […] Que le peuple des coloristes ne se révolte pas trop ; car, pour être plus difficile, la tâche n’en est que plus glorieuse. Les grands coloristes savent faire de la couleur avec un habit noir, une cravate blanche et un fond gris."
on peut lire sur ce sujet :
Marie-Christine NATTA, « Baudelaire et l’habit noir », Sociopoétiques [En ligne], n°2, mis à jour le : 17/06/2019
URL : http://revues-msh.uca.fr/sociopoetiques/index.php?id=373