Hazlitt, Lectures on the English Poets [1818], Works, V lecture III, On Shakspeare and Milton, pp. 47-48
[traduction ? ; cité par Albert Gérard, L’idée romantique de la poésie en Angleterre ; chap. V] :
« Non seulement [Shakespeare] portait en lui le germe de chaque faculté, de chaque sentiment, mais il pouvait les suivre, par anticipation, dans toutes leurs ramifications concevables, à travers tous les changements de fortune, les conflits de passions, les tours de la pensée. Il lui suffisait de penser à une chose quelconque pour devenir cette chose avec toutes les circonstances qui pouvaient l’entourer. Quand il concevait un personnage, réel ou imaginaire, il n’entrait pas seulement dans toutes ses pensées, tous ses sentiments, mais semblait à l’instant, comme par l’effet d’un ressort secret, être entouré des mêmes objets, ‘assujetti aux mêmes influences célestes’, aux mêmes accidents locaux, externes et imprévus, qui se produiraient dans la réalité. »
« The striking peculiarity of Shakspear’s mind was its generic quality, its power of communication with all other minds — so that it contained a universe of thought and feeling within itself, and had no one peculiar bias, or exclusive excellence more than another. He was just like any other man, but he was like all other men. He was the least of an egotist that it was possible to be. He was nothing in himself : but he was all that others were, or that they could become. He not only had in himself the germs of every faculty and feeling, but he could follow them by anticipation, into all their conceivable ramifications, through every change of fortune or conflict of passion, or turn of thought. He had only to think of anything in order to become that thing, with all the circumstances belonging to it. When he conceived of a character, whether real or imaginary, he not only entered into all its thoughts and feelings, but seemed instantly, and as if by touching a secret spring, to be surrounded with all the same objects, ‘subject to the same skyey influences’, the same local, outward, and unforeseen accidents which would occur in reality. »
complément :
Balzac, Petites misères de la vie conjugale [1828], 2° partie :
« Il y a bien des hommes dans un écrivain [;] un auteur donc, doit ressembler à Janus : voir en avant et en arrière, se faire rapporteur, découvrir toutes les faces d’une idée, passer alternativement dans l’âme d’Alceste et dans celle de Philinte, ne pas tout dire et néanmoins tout savoir, ne jamais ennuyer, et...
N’achevons pas ce programme, autrement nous dirions tout, et ce serait effrayant pour tous ceux qui réfléchissent aux conditions de la littérature. »