Gobineau, Les Religions et les philosophies de l'Asie centrale, Pléiade t. 2 pp. ? et 728-729 :
« Lorsque les populations persanes assistent à un tazieh, il n'est nullement question d'un jeu, ni d'une distraction de l'esprit. Dans leur pensée, aucun acte ne saurait être plus religieux, plus grave, plus important, plus méritoire. L'homme à ce moment se trouve en face de ce qu'il ne saurait trop profondément méditer. L'émotion dans laquelle il entre est sacrée. »
« [Le théâtre moderne le plus puissamment émotif] me paraît néant quand je me reporte à cette terrible première représentation des Euménides, où les Furies d'Eschyle, en se précipitant sur la scène, firent reculer l'assistance, et je ne retrouve cette possession de l'être entier du spectateur par le drame que dans les tekyehs* persans ; mais là je la retrouve tout entière ; et comme j'ai subi moi-même ces ensorcellements, ces entraînements communs, ce magnétisme d'une foule dans laquelle l'électricité circule et qui la communique à tout ce qui l'approche, je suis amené à cette conclusion nécessaire que le théâtre européen n'est qu'une élégance de l'esprit, une distraction, un jeu, tandis qu'à l'exemple du théâtre grec, le théâtre persan, seul, est une grande affaire. »
* tekyeh : endroit où se ‘joue’ le tazieh
sur le tazieh, voir p. ex.