mardi 14 janvier 2020

Queneau (urbanisme)


Queneau, L’écrivain et le langage, in Volontés, n°19, juillet 1939 repris dans Le Voyage en Grèce p. 178-179 :
« Il me semble que les arts anciens, et les sciences anciennes, se présentaient comme une collaboration de l'homme avec la nature. J'entends par là que l'activité technique de l'homme visait, tout en réalisant des fins humaines, à aider le plan naturel, et à y concourir. Ainsi l'architecture est imparfaite si elle ne tient pas compte du site ; on voit en Grèce ce que cela peut signifier. Le temple de Dionysos à Athènes, par exemple, montre comment l'homme peut construire en accord entier avec ce qui entoure, et fonde, son œuvre. En Grèce, on a la constante expérience d'une telle harmonie ; à Delphes encore où l'élection du lieu implique un choix et un vouloir compréhensifs qui nous dépassent singulièrement, nous d'aujourd'hui. Que l'on compare la fondation d'une ville, Rome par exemple, avec un lotissement, avec la barbarie d'un lotissement.
[…] Je répète : que l'on compare la fondation d'une ville antique, d'une bastide même, avec la barbarie du lotissement, la barbarie comptable du lotissement, le doit et l'avoir que représente cette entreprise, l'exploitation de l'homme et la suppression de la nature que cela implique. »