dimanche 20 octobre 2024

Saint-Amant (fumeur)

Saint-Amant, Le Fumeur [XVII° s.] :


Assis sur un fagot, une pipe à la main, 

Tristement accoudé contre une cheminée,

Les yeux fixés vers terre, et l'âme mutinée,

Je songe aux cruautés de mon sort inhumain. 


L'espoir, qui me remet du jour au lendemain,

Essaie à gagner temps sur ma peine obstinée, 

Et, me venant promettre une autre destinée, 

Me fait monter plus haut qu'un empereur romain. 


Mais à peine cette herbe est-elle mise en cendre,

Qu'en mon premier état, il me convient descendre,

Et passer mes ennuis à redire souvent : 


Non, je ne trouve point beaucoup de différence 

De prendre du tabac à vivre d'espérance, 

Car l'un n'est que fumée, et l'autre n'est que vent. 



Voir : Pagès F., Descartes et le Cannabis éd. 1001 Nuits p. 46 : 

"Il sortit de sa poche un livre intitulé L'Embarras des richesses, l'ouvrit à une page marquée d'avance et lut ceci : « La coutume qu'avaient les brasseurs de remonter leurs produits par des substances hallucinogènes ou susceptibles de provoquer des transes, telles que les graines de jusquiame noire, la belladone et les pommes épineuses, remontait au moins à la fin du Moyen Âge... Roessingh, l'historien de l'industrie hollandaise du tabac, n'écarte pas la possibilité qu'une partie de la marchandise ait pu être "saucée" avec du Cannabis sativa, bien connu des Hollandais qui avaient voyagé dans le Levant et l'Orient indien. » C'est extrait d'un livre savant et sérieux, conclut-il en me montrant la couverture du livre de Simon Schama***. 

— C'est une possibilité... Vous en faites une certitude. En bon cartésien, j'écarte tout ce qui est douteux ou probable..." 


*** cf. https://www.librairie-gallimard.com/livre/9782070717293-l-embarras-de-richesses-une-interpretation-de-la-culture-hollandaise-au-siecle-d-or-simon-schama/