Romains (J.), Les Superbes (HBV 3) :
"Si Marie n'était pas fâchée d'esquiver la confession, elle n'en était pas moins travaillée du besoin de se confier.
La confidence n'est parfois qu'un succédané laïque de la confession. Mais elle peut l'être de deux façons différentes. Il arrive qu'elle ait surtout pour but de délivrer l'âme de ce qu'on appelle 'le poids du secret'. Celui qui parle a l'impression qu'à mesure que les mots le quittent, le quitte aussi une tension douloureuse. Il ne se préoccupe guère de ce que la pensée dont il se délivre devient dans la tête d'autrui. Il ne sollicite pas de conseils et n'écoute pas les réponses (s'il était au confessionnal, il tiendrait les propos du prêtre pour des formalités.) A la rigueur, il s'ouvrirait à des témoins inanimés, à des rochers ; comme dans la légende, à des roseaux. Faute de mieux, il parlerait tout haut dans la solitude. L'essentiel pour lui est que les mots rompent enfin le tournoiement insupportable de la pensée, et jettent le secret dehors."