Mercier, Tableau de Paris, t. II, p. 1071 :
"Les trois quarts des latrines sont sales, horribles, dégoûtantes : les Parisiens, à cet égard, ont l'oeil et l'odorat accoutumés aux saletés. Les architectes, gênés par l'étroit emplacement des maisons, ont jeté leurs tuyaux au hasard, et rien ne doit plus étonner l'étranger, que de voir un amphithéâtre de latrines perchées les unes sur les autres, contiguës aux escaliers, à côté des portes, tout près des cuisines, et exhalant de toutes parts l'odeur la plus fétide.
Les tuyaux trop étroits s'engorgent facilement ; on ne les débouche pas ; les matières fécales s'amoncellent en colonne, s'approchent du siège d'aisance ; le tuyau surchargé crève ; la maison est inondée ; l'infection se répand, mais personne ne déserte : les nez parisiens sont aguerris à ces revers empoisonnés.
Que ceux qui ont soin de leur santé ne jettent jamais leurs excréments chauds dans ces trous qu'on appelle latrines, et qu'ils n'aillent point offrir leur anus entr'ouvert à ces courants d'air pestilentiels ; mieux vaudrait y mettre la bouche, car l'acide de l'estomac les corrigerait. Plusieurs maladies prennent leur origine sur ces sièges dangereux, d'où s'exhalent des miasmes putrides qu'on fait entrer dans son corps. Les enfants ont horreur de ces trous infectés ; ils croient que c'est là la route de l'enfer : telle était mon opinion dans mon enfance. Heureux les paysans ! ils ne se vident qu'au soleil ; ils sont frais et gaillards."