Muray, Le XIXe siècle à travers les âges II, 2 p. 171 :
[suite du texte du 08 04 2023]
"Ensuite, le relais principal c’est Joachim de Flore. Fin du 12ᵉ siècle. Le trafic passe presque obligatoirement par lui. Comme saint Jean, est-il besoin de le dire, il est tout à fait étranger aux fantasmes que l’on sent chez ceux qui se réclament de son nom. Pas plus que saint Jean il n’a promis que tous les problèmes, un jour, seraient réglés du côté du refoulement ou qu’on en finirait avec les petits soucis du capotage sexuel. Que les fêtes des hommes cesseraient de tourner mal systématiquement… On l’a quand même pris pour le démagogue nécessaire de l’avenir. C’est par lui qu’on espère, qu’on dit qu’on espère, qu’on a des raisons d’espérer ; contre ceux qui se contentent d’attendre. Par lui qu’on se met à vouloir dépasser la foi par le savoir, dépasser le Christ par la foi, dépasser la promesse par la réalisation, dépasser le Royaume à venir par le Royaume advenu, dépasser la Bible par les Évangiles, dépasser les Évangiles par l’évangile éternel, dépasser la Bible par la Bible de l’humanité… Peu importe en réalité ce qu’on dépasse, ce qui compte c’est le dépassement. Le mouvement de dépassement. La potentialité dépassement. L’exploitation du mot magique dépassement. Comme on dit coma dépassé."