Goethe, Poésie et vérité :
"Nos désirs sont les pressentiments des facultés qui sont en nous, les avant-coureurs de ce que nous sommes en état de faire ; ce que nous pouvons et désirerions être se représente à notre imagination hors de nous et dans l'avenir : nous aspirons à ce que nous possédons déjà secrètement. Ainsi, une prévision passionnée [Sehnsucht] transforme une possibilité véritable en une réalité imaginaire. Du moment que cette tendance existe nettement dans notre nature, à chaque degré de notre développement, une partie de notre primitif désir s'accomplit, en ligne droite si les circonstances sont favorables, et, si elles sont contraires, par un détour, d'où nous nous écartons toujours pour redresser notre chemin..."
Novalis, Grains de pollen § 14 (trad. Margantin) :
"Comment un homme peut-il avoir du sens pour quelque chose s’il n’en n’a pas le germe en lui ? Ce que je dois comprendre doit se développer organiquement en moi ; et ce que j’ai l’air d’apprendre n’est que nourriture, incitation de l’organisme."
Valéry, Eupalinos Pléiade t. 2 p. 114 :
« Rien ne peut nous séduire, rien nous attirer ; rien ne fait se dresser notre oreille, se fixer notre regard ; rien, par nous, n'est choisi dans la multitude des choses, et ne rend inégale notre âme, qui ne soit, en quelque manière, ou préexistant dans notre être, ou attendu secrètement par notre nature. Tout ce que nous devenons, même passagèrement, était préparé. »
Gadda, Au parc, un soir de mai, in L'Adalgisa, Seuil :
"[...] la goethéenne Gelegenheit, qui postule une pré-efficience et pré-existence réceptive de l’esprit - en amour, donc, une disponible valence ?"