Céline ne devait guère lire Balzac.
Mais Alain en était un lecteur assidu.
Balzac, Le Père Goriot :
Sous le couvert de tilleuls est plantée une table ronde peinte en vert, et entourée de sièges. Là, durant les jours caniculaires, les convives assez riches pour se permettre de prendre du café viennent le savourer par une chaleur capable de faire éclore des œufs.
Céline, Voyage :
«Restons pas dehors! qu’il me dit. Rentrons ! » Je rentre avec lui. Voilà. « Cette terrasse, qu’il commence, c’est pour les œufs à la coque ! Viens par ici ! »
Balzac, Le père Goriot
Cette première pièce exhale une odeur sans nom dans la langue, et qu'il faudrait appeler l'odeur de pension. Elle sent le renfermé, le moisi, le rance ; elle donne froid, elle est humide au nez, elle pénètre les vêtements ; elle a le goût d'une salle où l'on a dîné ; elle pue le service, l'office, l'hospice. Peut-être pourrait-elle se décrire si l'on inventait un procédé pour évaluer les quantités élémentaires et nauséabondes qu'y jettent les atmosphères catarrhales et sui generis de chaque pensionnaire, jeune ou vieux.
Alain, Propos d'un Normand :
Il y a une odeur de réfectoire que l’on retrouve, la même, dans tous les réfectoires. Que ce soient des chartreux qui y mangent, ou des lycéens, ou de tendres jeunes filles, un réfectoire a toujours son odeur de réfectoire. Cela ne peut se décrire. Eau grasse, pain moisi, je ne sais. Si vous n’avez jamais senti cette odeur, je ne puis vous en donner une idée. On ne peut parler de lumière aux aveugles. Pour moi, cette odeur se distingue autant des autres que le bleu se distingue du rouge.