Petitfils (Jean-Christian), Louis XVI, tome 2, conclusion :
« Les pouvoirs forts, dictatoriaux, s’effondrent rarement d’eux-mêmes. Leur mise en cause naît généralement au moment où leur nature autoritaire tend à s’atténuer par une pratique plus conciliante, par une censure moins sourcilleuse. La porte s’entrouvre et le vent de la liberté s’engouffre. Le règne de Louis XVI était mûr à cet égard. C’est ici qu’intervient la relation entre la faiblesse de caractère du monarque et le déclenchement d’une Révolution. Charles I° en fit l’expérience. Mme Carrère d’Encausse a esquissé un rapprochement stimulant entre Nicolas II et Louis XVI.
A ce dernier on peut reprocher à bon droit sa faiblesse entêtée, son caractère dépressif surtout après 1787, sa tétanie devant l’événement, son absence de charisme, son incapacité à se comporter en chef militaire, son choix de l’opinion au détriment du bien commun, son angélisme confondant morale privée et politique, son rejet de la violence d’Etat, qui fit le lit de la violence tout court, son pacifisme refusant la guerre civile, qui condamna finalement le pays à la subir. Croyant épargner le sang du peuple, ne porte-t-il pas la responsabilité de l’avoir fait couler en abondance ? En politique, la bonté désarmée mène à la catastrophe. Chez un prince, la lecture de Fénelon ne dispense pas de celle de Machiavel… 'La perfection évangélique, écrira Charles de Gaulle, ne conduit pas à l’empire'. »