lundi 21 septembre 2020

Gide + Aymé (homme et nature)

 Gide Journal  [1922] ancienne éd. Pléiade p. 734 : 

« Ce bois de pins serait charmant, qui s’étend le long de la plage, qu’accidente la dune, et où les cistes, les lentisques, les bruyères et les argousiers font taillis. Je n’y rencontre jamais personne ; mais aucun dieu non plus ne l’habite, tant les traces de l’homme l’ont profané, désenchanté, souillé. Partout des vieilles boîtes de fer-blanc, des lambeaux de torchons, des coquilles d’oeufs, des débris sans nom, des papiers graisseux, des étrons, des torche-culs, des tessons. L’image partout de l’égoïsme, du sans-gêne et de la goinfrerie. »


Aymé, Gustalin [1937] chap. VII : 

« À Chesnevailles, les cas prévus par la science des agronomes se présentaient rarement à l’état pur. Tout y était nécessairement empirisme et tradition. Qui voulait l’oublier s’en repentait presque toujours. Par exemple, on supprimait une haie dont l’existence semblait un défi au bon sens et l’on s’apercevait ensuite qu’elle empêchait certains courants de vent de griller les jeunes pousses au printemps. Sur ce chapitre-là, particulièrement en ce qui concernait l’épuisement et l’économie de la terre, Hyacinthe connaissait des choses bien curieuses.  »