Anderson, Winesburg-en-Ohio, trad. M. Gay, 1961 p. 22-23 :
"L'histoire du docteur Reefy et de ses amours avec la grande jeune fille brune qui devint sa femme et lui laissa de l'argent est très curieuse. Elle a beaucoup de saveur, comme les petites pommes ridées qui poussent à Winesburg. En automne, on se promène dans les vergers au sol durci par le gel. Les pommes ont toutes été cueillies. Elles ont été mises en baril et expédiées par mer à de grandes villes où elles seront mangées dans des appartements remplis de livres, de revues, de meubles et de gens. Sur les arbres, il ne reste plus que quelques pommes ratatinées, que les cueilleurs ont dédaignées. Elles ressemblent aux jointures des mains du docteur Reefy. Mais quand on les grignote, on les trouve délicieuses. Toute la saveur de la pomme semble s'être concentrée dans un petit rond au flanc du fruit. On court d'un arbre à l'autre sur le sol gelé, en cueillant de vieilles pommes ridées, dont on remplit ses poches. Un petit nombre de personnes seulement connaissent la douceur des fruits ratatinés."
The story of Doctor Reefy and his courtship of the tall dark girl who became his wife and left her money to him is a very curious story. It is delicious, like the twisted little apples that grow in the orchards of Winesburg. In the fall one walks in the orchards and the ground is hard with frost underfoot. The apples have been taken from the trees by the pickers. They have been put in barrels and shipped to the cities where they will be eaten in apartments that are filled with books, magazines, furniture, and people. On the trees are only a few gnarled apples that the pickers have rejected. They look like the knuckles of Doctor Reefy’s hands. One nibbles at them and they are delicious. Into a little round place at the side of the apple has been gathered all of its sweetness. One runs from tree to tree over the frosted ground picking the gnarled, twisted apples and filling his pockets with them. Only the few know the sweetness of the twisted apples.