Proust, Sainte-Beuve et Baudelaire (fin) ; in Contre Sainte-Beuve, Pléiade p. 262 :
« [Baudelaire] a surtout sur ce dernier portrait une ressemblance fantastique avec Hugo, Vigny et Leconte de Lisle, comme si tous les quatre n’étaient que des épreuves un peu différentes d’un même visage, du visage de ce grand poète qui au fond est un, depuis le commencement du monde, dont la vie intermittente, aussi longue que celle de l’humanité, eut en ce siècle ses heures tourmentées et cruelles, que nous appelons vie de Baudelaire, ses heures laborieuses et sereines, que nous appelons vie de Hugo, ses heures vagabondes et innocentes que nous appelons vie de Gérard et peut-être de Francis Jammes, ses égarements et abaissements sur des buts d’ambition étrangers à la vérité, que nous appelons vie de Chateaubriand et de Balzac, ses égarements et surélévations [lecture douteuse] au-dessus de la vérité, que nous appelons deuxième partie de la vie de Tolstoï, comme de Racine, de Pascal, de Ruskin, peut-être de Maeterlinck, et dont les chants, contradictoires parfois, comme il est naturel dans une si grande œuvre, malgré tout au sein d’ ‘une ténébreuse et profonde unité’, se relient, se comprendraient l’un l’autre si les parties se connaissaient entre elles et, dans nos cœurs qui les ont reçus et s’y reconnaissent, ‘se répondent’ ».
Rappel :