Céline, Les beaux Draps (fin) :
[un des plus beaux poèmes en prose de C., en conclusion de son opuscule le plus "regrettable" (litote)]
"Ô mignon trio de déesses ! À cabrioles tout autour ! Houspillés sommes divinement ! Trois sylves à magie guillerette ! do ! do ! do ! fa mi ré do si ! Coquines-ci, mutines-là ! Effrontées ! Trilles ! Quelles enlevades ! et si joliment chiffonnées ! Taquines ! Quel essor ! Charges de joies ensorcelantes !... Ô l’exquise impertinence ! Environnés à tourbillons ! Fraîches à défaillir de roses et de lumière ! Elles nous pressent, nous boutent ! nous assaillent ! De grâce ! à mille effronteries ! pointes et saccades de chat ! se jouent de nous ! Ta ! ta ! ta !... Magie de sourire nous achève… Nous sommes pris !...
Nous sommes pris !...
N’échapperont ! notre défaite s’accomplit !... chargés de joies ensorcelantes ! à dérobades ! prestes retours ! mieux vaut nous rendre !... nous fûmes défaits aux lieux des Cygnes… où mélodie nous a conduits… appel en fa ! tout s’évapore !... deux trilles encore !... une arabesque !... une échappée ! Dieu les voici !... fa… mi… ré… do… si !... Mutines du ciel nous enchantent ! damnés pour damnés tant pis !
Que tout se dissipe ! ensorcelle ! virevole ! à nuées guillerettes ! Enchanteresses ! ne sommes plus… écho menu dansant d’espace ! fa ! mi ! ré ! do ! si !... plus frêle encore et nous enlace… et nous déporte en tout ceci !... à grand vent rugit et qui passe !..."