Valéry, La cathédrale, in Mélange, Pléiade 1 p. 290-291 :
"Vitraux de Chartres – Lapis, émaux. Orient.
Comme des boissons complexes, les nombreux petits éléments de couleur vivante, c’est-à-dire, émettant une lumière non polarisée, non réfléchie, mais mosaïque de tons intenses, très divisés, et tous les rapprochements possibles par décimètre carré, donnent une impression de doux éblouissement, plus gustatif que visuel, – à cause de la petitesse des dessins, qui permet de les négliger ou de les voir – ad libitum – de ne voir que des combinaisons, dominées par quelque fréquence, ici, des bleus, là, des rouges etc.
Aspect granulé, grains de merveilleuse pierrerie, cellule, grains de grenades du paradis.
Effet d’outre monde.
Une Rose me fait songer à une immense rétine épanouie, en proie à la diversité des vibrations de ses éléments vivants, producteurs de couleurs…
Certaines phrases du Mallarmé en prose sont vitraux. Les sujets importent le moins du monde – sont pris et noyés dans le mystère, la vivacité, la profondeur, le rire et la rêverie de chaque fragment – Chacun sensible, chantant… […]"